Katawa Shoujo 4g1y3k

Gameplay 4f6c5k

Visual novel. Donc c'est plutôt vos yeux et votre cerveau qui vont travailler à lire et apprécier l'histoire. Pour le reste, il faudra vous contenter de cliquer pour faire avancer les dialogues, et à diverses occasions faire des choix qui influeront de façon plus ou moins importante sur le scénario.
Les choix du premier acte décideront de l'arc scénaristique que vous suivrez ensuite jusqu'à la fin du jeu, parmi 5 arcs différents. Au sein de chaque arc, les choix pourront vous mener à des fins différentes. Il faudra compter en moyenne 30 à 40 heures pour voir l'ensemble des scènes disponibles dans le titre.

Graphismes 4o2d1j

Visual novel oblige, le côté graphique n'est pas le point primordial du jeu, l'imagination du lecteur devant faire le plus gros du travail. Cependant, les artistes de Four Leaf Studio permettent de faire cet exercice avec une grande facilité. Ainsi, les scènes se déroulent sur des décors fixes (le plus souvent des photos sur lesquelles un filtre a été appliqué) avec de grands artworks des personnages, disposant d'une panoplie d'expressions très réussies et variées, changeant au gré des dialogues. De sublimes illustrations viennent ponctuer les moments forts du jeu, et des scènes animées servent d'introduction à chaque arc scénaristique.
De ce fait, reconstruire l'Académie Yamaku et tout le monde qui y vit dans notre imagination est très aisé, et l'ensemble prend vie afin que l'on soit happé sans aucun mal dans cet univers si particulier.

Bande-son 2f151

La musique est probablement l'un des plus gros points forts de Katawa Shoujo. Je me permets d'ailleurs d'émettre mon avis tout personnel à ce sujet : c'est à mon sens le meilleure OST que j'ai pu entendre, tous s confondus. Ni plus ni moins.
Chaque piste, je dis bien chaque piste, est sublime. Peu importe le moment, que l'on soit assis sagement en classe, en train de partager un repas avec Emi et Rin, de discuter complot avec Kenji ou de vivre un moment fort avec l'une des héroïnes, chaque thème nous plonge dans l'ambiance du moment avec une force incroyable. Le travail du compositeur Nicol Armarfi sur ce projet est juste exceptionnel, et nombreux sont les thèmes qui resteront ancrés à tout jamais dans la mémoire des lecteurs.

Concernant les effets sonores, ils sont peu nombreux, mais tombent toujours à point nommé pour ponctuer l'une ou l'autre action. Quant aux voix, il n'y en a tout simplement pas, projet amateur oblige. Cependant et heureusement, cela ne nuit en rien à l'immersion.

Scénario o2721

Le fer de lance de Katawa Shoujo. Sur un thème aussi délicat que celui abordé, il était difficile de ne pas tomber dans les extrêmes. D'un côté, les auteurs auraient pu nous pondre des romances lambda, sans réel fond, en mettant juste l'accent sur le fait que pour une fois, on drague des minettes handicapées. D'un autre côté, ils auraient pu tomber dans le larmoyant, en nous montrant que voila, ce sont de pauvres gens, ils font un peu peine, mais il faut pas les voir comme des handicapés mais des personnes à part entière. Et bien ce n'est ni l'un ni l'autre, et c'est là qu'on voit que le projet a été mûri extrêmement longtemps.
La force de Katawa Shoujo, outre sa qualité narrative, c'est la richesse de ses personnages. Le rapport aux cinq héroïnes est incroyablement convaincant. Si au début le joueur est tout naturellement interpellé par les handicaps les caractérisants, en apprenant peu à peu à les connaître, ces premières impressions vont devenir invisibles pour laisser place à des caractères attachants. De la timidité maladive de la grande brûlée Hanako à la bonne humeur contagieuse de la petite Emi privée de ses membres inférieurs, en ant par l'esprit d'artiste totalement insondable de Rin qui semble bien vivre sa vie en l'absence de bras, il y en a pour tous les goûts à l'Académie Yamaku.
Mais derrière ces adorables personnalités, des drames vont à chaque fois se profiler. Car rappelons-le tout de même, Katawa Shoujo aborde un sujet sensible, et malgré toute la légère avec laquelle cela est abordé, les handicaps des filles et même de notre héros sont de sombres spectres qui les poursuivent et auxquels ils doivent faire face en permanence. Ainsi, bien souvent, il faudra affronter des situations peu enviables qui ne manqueront pas de nous serrer le cœur. Mais la récompense sera heureusement bien souvent le bonheur de voir notre héros prendre les choses en main et redonner le sourire aux jeunes demoiselles en détresse. A condition d'avoir fait les choix de dialogue judicieux en amont, sinon gare à la conclusion dramatique. Et c'est à ce moment que, même en tant que lecteur, on va se sentir impliqué en totalité dans l'histoire : le joueur n'est plus simplement les yeux de Hisao, il est Hisao lui-même. Les décisions à prendre ont des répercussions si importantes sur l'histoire que l'on ne peut que se sentir responsable quand les conséquences tombent, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. L'attachement aux personnages et au déroulement de l'histoire n'en est alors que renforcé.

Et si tout cela fait mouche, c'est grâce à la narration parfaite de l'oeuvre. Les dialogues sont très convaincants, les réactions des personnages naturelles, et il est souvent difficile d'abandonner sa lecture avant d'avoir le fin mot de l'histoire du personnage que l'on suit tant l'envie de connaître la suite est constamment présente. Chaque arc ayant été écrit par une personne différente, on peut cependant constater quelques petites inégalités, mais au final l'ensemble reste incroyablement cohérent.
Katawa Shoujo est incroyablement long, chaque scénario proposant en moyenne 8 heures de lecture. Et de la lecture très agréable et digeste, qui plus est proposée en français depuis peu avec une traduction de bonne facture malgré deux trois coquilles. Un système de sauvegarde instantanée ainsi qu'une option pour er les dialogues en grande vitesse permettent de voir toutes les issues possibles lors d'un choix, de rapidement bifurquer vers un autre scénario lors du premier acte et de revoir ses ages favoris. De vrais marques-page en somme.

KeKeR, le 18.11.2013

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